Le verrou du fleuve by Lionel Davoust

Le verrou du fleuve by Lionel Davoust

Auteur:Lionel Davoust [Davoust, Lionel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: BIB Fantasy
ISBN: 9782375790502
Éditeur: Éd. Critic
Publié: 2018-03-15T04:00:00+00:00


***

Thormig

Il ne savait pas s’il lui fallait se haïr ou se sentir en paix à la perspective d’offrir à ses anciens frères d’armes la possibilité d’accomplir leur destin.

Les portes massives du tunnel de l’enceinte cliquetèrent, grincèrent. Sous ses pieds, les chaînes des herses claquèrent. Dans la quatrième enclave, au milieu des cris, des vociférations, des rires invraisemblables des Askalites humains, il crut percevoir des halètements rauques, métalliques, d’anticipation.

Puis les saccades de la machinerie du tunnel se turent. Le duc jeta un regard las teinté de regret à Maragal Dwelén.

« Pour Loered ! » hurla Kadéval ap Gweltén derrière lui.

Le cri fut repris d’une seule voix par les Chevaliers du Fleuve. Le galop des montures résonna au cœur de l’enceinte comme un tonnerre venu de la terre. Puis les fantassins, chargeant à la suite de la cavalerie, lancèrent eux aussi des hurlements guerriers avec un abandon qui réchauffa le cœur du duc. Loered tomberait, mais elle tomberait, au bout du compte, l’arme à la main.

En contrebas, les Askalites se reculèrent des portes, semblant attendre avec une joie insensée le moment de la curée. Trois titans de métal noir se positionnèrent en première ligne en levant à demi leur tranchoir immense, peu à peu, comme s’ils ne pouvaient attendre de voir leurs adversaires pour armer leur frappe.

Soudain, les portes massives s’ouvrirent à la volée. Un flot de cyan et d’argent jaillit du tunnel et obliqua aussitôt pour éviter les géants d’acier et attaquer la piétaille. Mais les monstres furieux n’allaient pas se laisser priver de leurs proies. Dans des rugissements rappelant le vrombissement d’une lame sur une tôle, ils se ruèrent vers la colonne de chevaliers, suivis d’ignominies toutes en membranes et en tendons.

Des chevaux se mirent aussitôt à hennir, à hurler, à se cabrer, délogeant leurs cavaliers. L’avant-garde emmenée par le grand commandeur percuta la foule de l’armée noire. Les hommes en casque à plume, en livrée cyan, frappèrent, tailladèrent avec la même frénésie que s’il s’agissait d’endiguer une horde de rats, mais la place pour manœuvrer vint bientôt à manquer.

Les soldats à pied sortirent à leur suite, se mêlèrent à la cohue. C’était au tour des Rhovelliens de déverser un flot ininterrompu de soldats dans l’enclave, qui se transforma bientôt en une marée grouillante d’acier, de sang, de violence, comme la ligne de rencontre entre deux écumes contraires, où ne surnageaient que les plus imposantes des abominations. Sur les remparts, les gens de trait s’efforcèrent de couvrir les troupes, mais ils n’avaient guère le choix que de se concentrer sur l’arrière-garde par peur de toucher les leurs.

Les Rhovelliens combattaient avec un tel mélange de terreur et d’abandon que Thormig songea aux Askalites sans âme. Il y avait quelque chose de dérangeant dans le fait de voir le peuple de Dieu et celui de Son ennemi tout à coup si semblables, livrés à la même fureur. À côté de lui, Maragal hocha la tête avec révérence, les yeux rivés sur la scène, comme pour graver le spectacle dans sa mémoire pour aussi longtemps qu’il vivrait.



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